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La Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment est née le 16 novembre 1952 à Tours. Ce jour-là, cinquante-sept Compagnons délégués par leur société respective se sont réunis à l'hôtel de la Croix Blanche pour en adopter les statuts. Ils étaient trente-huit charpentiers, trois menuisiers, sept couvreurs, deux maçons, deux tailleurs de pierre, trois serruriers et deux divers.

Est-il besoin de préciser que la création de la Fédération ne consistait pas dans la réunion de divers gens de métier qui se seraient autoproclamés "Compagnons" ? Cela n'aurait ni sens, ni valeur en regard de la multiséculaire histoire du compagnonnage. On ne peut être fait Compagnon qu'en étant reçu par ses pairs au sein d'une société reconnue. Une société compagnonnique ne peut voir le jour que si elle est fondée par une société déjà existante qui lui transmet sa tradition, son rituel, et la garde sous sa tutelle un certain nombre d'années. Ce fut le cas pour les maçons et tailleurs de pierre, dont la société venait d'être fondée par celle des Charpentiers des Devoirs. Les autres participants appartenaient à des sociétés anciennes.

Le besoin de se regrouper s'était déjà manifesté entre les deux guerres par les Compagnons des sociétés restées autonomes au moment de la création de l'Union Compagnonnique en 1889.

Déjà sur le déclin au début du siècle, et surtout affaiblies au cours de la Première Guerre mondiale par la disparition tragique de nombre de leurs membres et l'absence de réception de nouveaux Compagnons pendant quatre ans, ces sociétés cherchaient à s'épauler mutuellement au sein de fédérations locales et d'organes de concertation nationaux (Fédération Intercompagnonnique de la Seine - 1913, Fédération Générale du Compagnonnage - 1919, Confédération Salomon Jacques Soubise - 1933).

Les deux Sociétés de Charpentiers d'avant-guerre, celle du Devoir (Soubise) et celle du Devoir de Liberté (Salomon), encore très actives et d'un poids significatif dans leur corporation, avaient entamé un rapprochement qui allait les conduire à la fusion des deux rites en 1945.

Entre temps était apparue en "zone libre", sous le régime de l'État français, l'Association ouvrière, dont l'objectif était de réformer et de rassembler les différents mouvements compagnonniques que nombre de Compagnons rejetèrent par crainte d'y perdre leur identité.

Les tractations se poursuivirent bien au-delà de la Libération, et comme elles n'aboutissaient pas, la Société des Compagnons Charpentiers des Devoirs, résultant de la fusion, rassembla ceux qui avaient voulu préserver l'autonomie de leurs sociétés, essentiellement de métiers du bâtiment, pour créer la Fédération Compagnonnique qui s'est développée jusqu'à nos jours.